lundi 14 septembre 2009

Lydie Salvayre, BW, 2009, édition du Seuil

Un hymne à la littérature et à la vie, qui selon BW ne peuvent exister l'une sans l’autre...

Lydie Salvayre n’en est pas à son premier roman, La compagnie des spectres (prix Novembre en 1997) ou encore Portrait de l’écrivain en animal domestique (2007) avait déjà suscité les éloges des critiques et du public. Mais ce nouveau livre de la rentrée littéraire a ceci de particulier qu’il n’est pas un roman à proprement parler, mais qu’il se situe plutôt à la frontière entre biographie et autobiographie. En effet, le récit est rédigé à quatre mains, l’auteur se faisant le scribe de son compagnon. Le « je » et le « tu » se mélangent d’un dialogue à l’autre, pour retrouver la profusion et la richesse du ton de la discussion. L’auteur écoute son ami, lui répond, l’admire, fait des apartés au lecteur comme entre amis, après un bon repas arrosé.
Malgré la légèreté et le ton complice que l’auteur met en place, le sujet du livre reste grave: le compagnon de l’auteur, B.W. (Bernard Wallet) ancien éditeur illustre, est en train de perdre la vue (triste ironie pour un lecteur passionné) tandis que la littérature, aux prises avec l’économie de marché, se meurt. Deux destins liés depuis longtemps, autour de la maison d’édition Verticales fondé par BW en 1997. « Verticales » comme les pentes de l’Himalaya qu’il a arpentées dans sa jeunesse, « verticales » comme les falaises afghanes qui abritaient le bouddha détruit par la folie des talibans, « verticales » comme le fait de rester debout face à la normalisation, la « best-sellerisation » de la littérature…

BW raconte sa passion pour le livre, sa carrière de coureur à pied, les voyages sans un sou, le besoin de fuir sa famille et la France pour connaître le monde et intrinsèquement sa violence, sa folie mais aussi sa beauté. Ce texte est un hymne à la littérature et à la vie, qui selon BW ne peuvent exister l'une sans l’autre. Mais c’est aussi un règlement de compte avec le monde de l’édition : la loi des financiers, les consensus mous, le mercato entre les auteurs qui changent « d’écurie », l’appauvrissement effectif de la littérature.

Ce livre qui n’est pas un roman, flirte pourtant avec le romanesque car la vie de BW est emplie de rencontres et d’aventures toutes plus exceptionnelles les unes que les autres. Néanmoins le livre connaît quelques travers liés à la relation qu'entretiennent les deux personnages : l'auteur admire son compagnon et décrit parfois les activités de l'éditeur de manière dithyrambiques. En effet, de la tonalité joviale de la discussion et de la profusion du propos, naît aussi la faiblesse du récit, parfois exprimé avec une emphase excessive.

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