mardi 8 septembre 2009

Loin des bras de Metin Arditi, roman

Voici un singulier roman abordant les difficultés de la reconstruction psychologique, dix ans après la guerre. On y croise à travers une succession de courts chapitres haletants, des personnages complexes, blessés par la vie, qui ont autant de mal à s’aimer qu’à accepter l’aide des autres. Tous sont professeurs et ont trouvé à l’Institut Alderson, pensionnat suisse pour enfants aisés, un refuge confortable. Mais des difficultés financières risque d'entraîner son rachat, et un changement de vie radical pour ces écorchés.

Après La pension Margueritte (Prix Lipp, 2006) et La Fille des Louganis (Prix Version Fémina, 2007) Metin Arditi signe ici un chef d’œuvre. Beaucoup ont déjà écrit sur la guerre, mais peu se sont attardés avec autant de brio sur sa continuité et ses répercussions désastreuses dans de nombreuses vies. Divers sujets sont ainsi traités avec délicatesse comme la honte d’avoir été collabo, la douleur du deuil, le pacifisme déguisé en lâcheté, l’antisémitisme, les amours jugés contre nature…

Autant de personnalités différentes qui, durant la guerre se seraient entre-tuées simplement pour ce qu’ils étaient et aujourd’hui doivent se fréquenter. Ils se cherchent des excuses pour leurs agissements et apprennent la tolérance. Dans un livre palpitant, rythmé par la danse, la photographie, le théâtre et la littérature qui y sont omniprésents, c’est un voyage initiatique qui commence. Et c’est travers ces arts que chaque personnage va se libérer, et trouver ainsi une voie pour s’exprimer.

Une fois de plus Metin Arditi aborde la psychologie avec pudeur, et nous prouve que même les moments les plus difficiles à surmonter nous apportent leurs lots d’expériences. De plus, l’espoir de s’en sortir n’est pas vain, malgré les nombreux efforts à fournir. Les activités artistiques sont des véritables exutoires par lesquels les personnages exultent et attestent du pouvoir de l’art, quel qu’il soit, par la libération de l’esprit. Après tout, que l’on soit acteur d’une pièce de théâtre, ou photographe, nous sommes tous égaux devant ces activités car c’est la technique et l’amour de l’art qui nous rassemble .

L’auteur nous offre un vibrant hommage à l’Art, et à ses vertus térapeuthiques.

« Vous avez honte n’est ce pas ? C’est ça, la consolation. C’est quand on est prêt à être blessé à nouveau. Un beau jour, le passé se fait plus petit. Et on a honte de mieux vivre. »

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