mardi 8 septembre 2009

Tels des astres éteints, Léonora Miano

Léonora Miano entreprend de scruter l’âme de l’Afrique dès son premier roman L’intérieur de la nuit. Elle continue sa réflexion dans Contours du jour qui vient. Tels des astres éteints, son 4e roman, vient clore le cheminement d’un continent de l’errance jusqu’au possible apaisement.

Epa est un enfant soldat enrolé de force dans l’armée d’Isilo qui s’est donné pour mission de renverser le pouvoir en place et débarrasser le Continent de toutes ses sangsues (comprenez les Occidentaux et leurs hommes de mains locaux). La guerre civile s’étend, les troupes d’Isilo gagnent du terrain, pendant que le doute s’installe dans l’esprit d’Epa. Il finit par s’échapper et rencontre Ayané qui le soigne.

L’Afrique ne sait pas de quoi elle se meurt, ou plutôt refuse de le savoir. Alors une force maléfique plane sur le Mboasu. Elle hante le continent. Elle est lourde, destructrice, impalpable, et sévira « tant qu’on ne lui aura pas fait droit ». Cette force représente les exhalaisons des hommes morts lors de la traite négrière. Ils réclament de sortir de l’oubli, ils réclament qu’on les délivre de leur errance, ils réclament qu’on leur offre une sépulture, car « il n’est nulle part de puissant, qui foule aux pieds la mémoire de ses défunts ». Ce roman est un appel à l’Afrique, à ériger un monument à la mémoire de ses morts, à regarder ses plaies béantes pour parvenir à les panser.

La réflexion de l’auteur est soutenue par une écriture profonde, poétique, qui semble sortir de ses entrailles autant que de celles de la terre qu’elle raconte. Le roman est rythmé par le cri de douleur de ces défunts qui sonnent comme des prophéties, intercalées entre chaque chapitre. Il se termine par l’universalisation du propos de l’auteur : « A ceux qui se demandent en quoi cette question intéresse d’autres que les Africains et leur diaspora, nous rappelons simplement que toute violence faite à l’autre est une violence faite à soi-même. C’est donc l’humanité dans sa globalité qui a été offensée, et qui le demeure, tant que le silence pèse. »

Tels des astres éteints, Léonora Miano. Plon, août 2009, 275p.

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