mardi 8 septembre 2009

La vaine attente, Nadeem Aslam

L’Afghanistan est un pays déchiré par les guerres depuis bientôt trente ans. Durant tout ce temps, le pays a été le théâtre d’invasions diverses, motivées par la volonté de suprématie et le profit. Les bombardements, les attentats et les meurtres font partie du quotidien des Afghans, atrocités auxquelles s’ajoute une guerre civile.

La vaine attente est le deuxième roman de Nadeem Aslam. Cet écrivain anglo-pakistanais profite une seconde fois de sa double culture pour nous livrer un roman fort, parfois dur, qui nous fait découvrir un pays déchiré par les guerres et la cruauté humaine. Son premier livre, « La Cité des amants perdus », se déroulait dans une communauté pakistanaise de Londres. Il mettait en scène un couple déchiré entre la volonté de modernité et le poids des traditions.

Cette fois-ci, l’auteur nous plonge au cœur de l’Afghanistan de 2005. Nous y suivons quatre personnages d’horizons totalement différents : un Anglais qui s’est établi dans le pays après son mariage avec une Afghane ; une Russe à la recherche de son frère, un soldat soviétique ; un Américain, ancien agent de la CIA et un jeune Afghan enrôlé par les talibans. Tous sont en quête d’un parent disparu, de réponses, d’un idéal, et surtout d’eux-mêmes. À travers leurs histoires, on découvre la culture d’un pays et ses habitants, qui tentent de vivre malgré la guerre. Chaque personnage nous délivre un pan de l’histoire de ce pays et nous amène dans des lieux tantôt remplis de parfums et de poésie, tantôt suffocants, au coeur des montagnes ou à travers les ruelles de villages typiques. Chaque centimètre de terre porte en lui le souvenir d’événements passés, tragiques ou heureux. Les destins se croisent et les diverses nationalités tentent de s’apprivoiser, de mettre de côté préjugés et rancœur. On découvre le rôle joué par leurs pays respectifs dans cette interminable guerre, on voit comment chacun a été personnellement touché et a pu voir sa vie basculer, même à des milliers de kilomètres de distance.

Ce livre nous transporte dans un monde où la violence nous apparaît à nous, qui en sommes loin, comme insupportable. Les personnages sont tous confrontés, au moins une fois, à la souffrance, tant physique que psychologique. Néanmoins, l’émotion et la beauté occupent une grande place, notamment à travers de très belles descriptions de paysages ou de parfums. Les éléments du récit s’emboîtent parfaitement autour des quatre personnages principaux, dont les origines opposées permettent à l’auteur d’aborder et d'expliquer de nombreux événements historiques. Au moyen de flashbacks, l’auteur nous montre que chaque pays a sa part de responsabilité dans la situation actuelle de l’Afghanistan. Chaque camp a contribué à des cruautés ainsi qu’à la mort de centaines de civils. C’est cette somme de points de vue divergents qui permet de comprendre l’histoire trouble de ce pays, sacrifié par la bêtise humaine. La vaine attente est un roman qui nous emmène loin, à la fois dans la violence et dans la beauté.

La vaine attente, de Nadeem Aslam. Traduit de l’anglais par Claude Demanuelli. Éditions du Seuil, 2009 , 386 p., 22 €.

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