dimanche 9 janvier 2011

Un orage immobile, Françoise Sagan, Editions Stock, octobre 2010, (215 pages)

« Quand je la regardais enfin en face [] je faillis dire à Flora de Margelasse : « Epousez-moi » au lieu de : « Mes hommages ». (p. 22).

Quand Nicolas Lomont, notaire d’une trentaine d’années à Angoulême, rencontre pour la première fois Flora de Margelasse, jeune veuve appartenant à la noblesse, il en tombe aussitôt et irrémédiablement amoureux.

Leur amitié, quelques fois transpercée par la douleur d’un amour non partagé, dure près de deux ans. Deux années de bonheur, de déceptions, mais de vie, pour Nicolas.

Leur univers se retrouve bouleversé lorsque Flora rencontre, lors d’un bal, Gildas Caussinade, métayer et poète talentueux. Victimes du coup de foudre, et au mépris des conventions sociales, ils deviennent amants. Si Nicolas, désirant avant tout le bonheur de Flora, surmonte péniblement sa jalousie, cette liaison scandaleuse est fortement critiquée par la noblesse, encore marquée par la récente révolution française.

Puis, survient le malheur.

Malgré les efforts de Nicolas, il ne pourra qu’assister impuissant à la tragédie qui va détruire sa vie et celle de bien d’autres.

Issue d’une famille bourgeoise et engagée politiquement, Françoise Sagan, de son vrai nom, Françoise Quoirez, évoque des thèmes qui lui sont chers dans cet ouvrage : la lutte des classes et les préjugés qui y sont liés, la révolution française et son impact sur les esprits, et l’amour et ses conséquences dévastatrices.

La narration par Nicolas Lomont de ces évènements, vieux d’une trentaine d’année à l’époque où il décide de les écrire, est d’autant plus agréable à lire qu’elle se présente sous forme d’un cahier qu’il rédige, au départ, juste pour lui-même.

Au fur et à mesure de la lecture, le style maladroit des premières pages évolue jusqu’à former un récit fluide. Le personnage lui-même de Nicolas change : d’un homme bourru et éteint, il retrouve une certaine vivacité dans ses souvenirs de jeunesse et devient un écrivain lyrique.

Il se surprend parfois à jouer avec un éventuel lecteur alors qu’il a toujours eu l’intention de détruire son cahier: « Si un lecteur découvre un jour ces pages –si quelque aveugle vanité d’auteur ou quelque aléa du destin m’empêche de les détruire » sont les premiers mots du roman.

Un orage immobile a été publié pour la première fois en 1983 chez Julliard. Avec cette nouvelle édition et la parution du livre en pleine rentrée littéraire, les éditions Stock nous permettent de redécouvrir un grand roman.

En espérant que la nouvelle génération de lecteurs saura l’apprécier autant que l’ancienne.

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