lundi 17 janvier 2011

Maylis de KERANGAL, Naissance d’un pont. Édition Verticales – Septembre 2010

La naissance d’un pont est celle d’un nouveau monde.


« L’hiver dure, fourreau de verre. Le froid gaine la ville. Céruse les perspectives, précise les sons, détache les gestes, et le ciel prend dans tout cela une part exagérée. Sur le fleuve, les hommes s’activent et le pont augmente. »

Le 15 août 2007, le New York Times annonce la construction d’un pont dans la ville de Coca, en Californie. L’ambition est simple : construire un immense pont suspendu qui doit désenclaver la ville imaginaire de Coca, et l’ériger en nouvelle Dubaï.

Au cours de cette entreprise démentielle, se croise le destin d’une dizaine d’hommes et de femmes que tout oppose ; du chef de chantier Georges Diderot au grutier Sanche, en passant par la responsable du béton, Summer Diamantis. Des êtres humains venus du monde entier se rencontrent, se découvrent et s’attachent les uns aux autres.

Absorbés par la construction, ces individus, dont les histoires individuelles s’entremêlent, sauront désormais. Un chantier, c’est tout le monde.

Née en 1967, Maylis de Kerangal est une figure de l’édition et de l’écriture. D’abord éditrice aux Editions du Baron Perché, elle a ensuite travaillé pour les Guides Gallimard ainsi que pour la jeunesse.

Elle décide finalement de se consacrer entièrement à l’écriture et signe ici son troisième roman aux Editions Verticales, Naissance d’un pont, qui lui vaut le prix Médicis.

Il y a dans ce livre la force d’un regard singulier sur le monde, un regard intelligent.

Porté par une écriture puissante, Naissance d’un pont suit les trajectoires d’hommes et femmes, tous acteurs de cet incroyable projet. A travers ces histoires, Maylis de Kerangal aborde intelligemment les thèmes de la lutte des classes et du pouvoir : l’état du monde y est dessiné.

Ces ouvriers, ingénieurs, grutiers, soudeurs, manutentionnaires etc. viennent des quatre coins du monde, se croisent et vivent désormais en ayant un objectif commun, celui du pont. Ces hommes vivent dans le présent, celui du chantier.

Ce roman, documenté, précis et technique orchestre brillamment la frénésie humaine et matérielle de cette entreprise démentielle.

La délicatesse de Maylis de Kerangal nous fait sentir la complexité du monde dans lequel nous vivons.

Chloé Rougeulle

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