mardi 18 janvier 2011

"Mon vieux et moi", Pierre Gagnon, éditions Autrement, 2010, 86p.

« Qu’est-ce qui m’arrive d’aimer les vieux ? » Voilà la question que se pose le héros de « Mon vieux et moi ». Pierre Gagnon a déjà connu le succès au Québec avec « 5-FU », un récit sur le combat d’un homme contre la maladie. Aujourd’hui, il aborde avec brio un thème tout aussi ancré dans la réalité : la vieillesse.

Tout commence par la fin, avec le décès de la vieille tante du narrateur fraîchement retraité. Celui-ci décide de prendre un nouveau départ en adoptant l’ami de sa tante, Léo, 99 ans, qu’il accueille chez lui. La vie commune des deux hommes débute alors, la plus simple possible malgré les contraintes qu’une telle adoption engendre. Leur histoire est faite de petits riens, d’anecdotes, de découvertes qui sont autant de jalons d’une grande aventure. Ensemble, ils cèdent à l’envie d’acheter une malle prétendue « pleine de souvenirs », comme pour retrouver cette vie qui s’enfuit. Pourtant, malgré leurs âges, la malle est vide : il faut qu’ils continuent d’avancer pour se créer de nouveaux souvenirs. Le récit semble nous dire que la vie est plurielle, elle peut et doit être recommencée quand nous en sentons le besoin.

D’une écriture douce et poétique, Gagnon brosse le portrait d’une vie à deux qui, bien sûr, ne durera pas toujours. Les chapitres, très courts, s’égrènent comme les derniers jours de la vie de Léo. On craindrait presque de tourner la page tant on voudrait préserver quelques instants de bonheur, de plus en plus rares au fur et à mesure que la mémoire et les forces de Léo disparaissent. Car, impuissant, le lecteur voit l’état du vieil homme se dégrader par les yeux du narrateur.

On le sait, accompagner un proche dans la vieillesse, n’est pas chose aisée entre la douleur du déclin, les difficultés matérielles ou souvent, la maladie. Les émissions de télévision sont là pour nous le rappeler et nous offrir témoignages et conseils, merci bien. A l’inverse, « Mon vieux et moi » ne verse ni dans le sentimentalisme, ni dans la psychologie. Sans prétention, ce roman retrace le chemin qu’ont parcouru ensemble deux hommes avant d’être séparés. Dépassé par la souffrance et l’incohérence de la vieillesse, le narrateur va être contraint de ramener Léo à la maison de retraite. Le roman fonctionne donc comme une boucle puisqu’on revient à la situation de départ. Le lecteur comme les personnages en ressortent enrichis même s’ils peuvent être déstabilisés devant la fragilité de la vie.

« Voilà, c’est tout. Ca s’appelle vieillir. Jamais on ne raconte ces choses-là bien sûr. Ca n’intéresse personne. » Pourtant, le lecteur, lui, accroche, même s’il pense connaître la fin de l’histoire, de la vie, de Léo. C’est sans compter sur le talent de Pierre Gagnon pour nous surprendre et, peut-être, nous faire sourire une dernière fois avant de refermer le livre.

1 commentaire:

  1. Vous écrivez Ca au lieu de Ça : le c cédille majuscule s'obtient en pressant sur la touche option et sur la touche ç.

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