mardi 19 octobre 2010

Petites Histoires pour les enfants qui s'endorment très vite, de Carl Norac et Thomas Baas, aux éditions Sarbacane

« C’est l’histoire d’un p’tit toutou. Quand c’est fini c’est tout.»

Le jeu, c’est de raconter l’histoire la plus courte possible, en vers de préférence. Une phrase ou deux pas plus. Le résultat est un petit bijou de poésie et de drôlerie, écrit par Carl Norac que l’on connaît déjà pour ses talents de conteur (Sentimiento, chez Bilboquet), et illustré par Thomas Baas affichiste qui s’essaie pour la première fois à l’illustration.

L’exercice se prête parfaitement au style de Carl Norac qui nous avait déjà régalé de son écriture légère et poétique dans Sentimento, sa version revisitée de Frankenstein, illustrée par Rebecca Dautremer.

Quant à l’illustration, minimaliste, un brin rétro, elle s’accorde parfaitement à la loufoquerie et à la brièveté du texte et rajoute même une dimension à l’histoire. Lorsque, par exemple, le texte raconte que « C’est l’histoire d’un caillou qui fait plouf. Un caillou à la mer ! À la fin, il est sauvé. Ouf ! », l’image montre effectivement un caillou qui s’apprête à tomber du haut d’une falaise, mais surtout l’homme auquel le caillou est relié par une corde et qui va bientôt sauter.

En fait, la brièveté de texte laisse à l’illustrateur la liberté d’interpréter les mots et, finalement, d’inventer l’histoire. C’est cette complémentarité du texte et de l’illustration qui fonde véritablement la qualité de l’album.

Chaque page, c’est-à-dire chaque illustration, est faite uniquement de deux ou trois couleurs, ce qui permet de façon astucieuse, de matérialiser l’idée qu’on change d’histoire à la page suivante, réalisée dans un autre ton de couleurs. On passe alors sans problème de l’humour burlesque à la poésie la plus tendre au fil des trente micros-histoires qui se suivent.

Petits et grands, vous ne vous lasserez pas de tourner les pages en papier épais de ce bel objet, car, vous l’aurez compris, ici connaître la fin de l’histoire ne gâche en rien le plaisir.

Lucile

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