Melvin Burgess, écrivain anglais, se consacre à la littérature pour adolescents. Son réalisme noir est révélé par le succès retentissant de Junk, puis confirmé par la parution de Nicholas Dane en septembre 2010 aux éditions Gallimard Jeunesse.
Nicholas Dane a quatorze ans en 1984 lorsque sa mère meurt brusquement d’une overdose d’héroïne à Manchester. Nick n’a pas le temps de comprendre ce qui lui arrive quand Jenny, la seule amie de sa mère, souhaite devenir sa famille d’accueil, mais elle est célibataire avec deux enfants à charge. Mrs Batts, représentante des services sociaux, refuse sa requête et envoie Nick à Meadow Hill, un foyer pour garçons violents. Les conditions de vie sont terribles, quasiment identiques à celles des prisons. Outre les leçons abêtissantes, la malnutrition, l’absence de loisirs et de biens personnels, Nick se fait bizuter et découvre les bagarres incessantes entre les pensionnaires et les punitions injustes des maîtres, qui consistent à fouetter les fesses des enfants bagarreurs. Nick s’intègre très vite à ce milieu hostile et se lie d’amitié avec Oliver, un enfant abusé sexuellement qui n’a connu que les foyers, et Davey, issu d’une fratrie nombreuse que les parents, alcooliques et pauvres, ont abandonné à leur propre sort.
Dans ses tourments quotidiens, l’adjoint du directeur, Tony Creal, lui apporte du réconfort lors de soirées en petit comité dans son appartement personnel. Mais peu à peu, Nick se rend compte que cette affection est louche, jusqu’au soir où Tony Creal le caresse. Brisé de honte, Nick s’en prend violemment à Oliver qui connaît la véritable nature du directeur adjoint et subit ses pulsions sexuelles. Nick est envoyé dans une cellule de haute sécurité pendant quelques jours, durant lesquels il est violé par Tony Creal.
Tandis que Nick tente de survivre dans cet enfer, Tony Creal met en place une machination pour que son nouvel amant ne quitte pas le foyer. Il dénonce la violence dramatique de Nick auprès de Michael Moberley, un lointain oncle de Nick qu’il n’a jamais connu, justifiant ainsi sa présence dans ce foyer. Il en profite également pour soutirer de l’argent à cet homme, prétendant l’utiliser pour les besoins de Meadow Hill alors qu’il alimente ses fonds personnels. D’un autre côté, Tony Creal prétend être un éducateur dévoué aux yeux de Mrs Batt qui organise les attributions des enfants abandonnés par la société.
Après une première tentative d’évasion suivie de châtiments corporels, Nick, Davey et Oliver s’évadent pour de bon, mais Oliver est rattrapé et on n’entendra plus jamais parler de lui. Oliver découvre des photos compromettantes avec Tony Creal et des enfants nus mais Les seules preuves permettant d’accuser les horreurs de Tony Creal sont perdues. Cependant, celui-ci vivra dans la terreur absolue que son secret soit découvert.
Pour Nick et Davey commence une nouvelle vie. Ils volent pour le compte de Sunshine, un dealer et receleur, qui les héberge et les nourrit en échange. Jonesy, l’ami de Sunshine, vient leur rendre visite après avoir passé un an en prison et entraîne Nick dans de menus larcins et même dans le braquage d’une pharmacie. Jonesy bat sauvagement Stella lorsqu’il est en colère ; à chacune de ses apparitions, elle est de plus en plus tuméfiée, boiteuse et souffrante, mais ne le quitte pas parce qu’elle est très amoureuse.
Jonesy, qui a vécu les mêmes abus que Nick, à Meadow Hill, décide d’organiser le meurtre de Tony Creal avec d’autres victimes. Afin d’empêcher son ami de commettre un meurtre, Stella fait parvenir une lettre à Tony Creal pour le prévenir du danger. Tony Creal prévient la police qui remonte jusqu’à Jonesy. Celui-ci découvre la dénonciation de Stella et la tue à coup de gourdin. Jonesy se cache durant quelques jours tandis que la police est à sa recherche. Il se réfugie chez Sunshine mais la police intervient, et, terrorisé par la portée de ses actes, Jonesy se tue d’un coup de fusil sous les yeux de Nick.
Nick est renvoyé à Meadow Hill où il conclut un marché avec Tony Creal : celui-ci, terrorisé par l’idée d’être dénoncé, propose à Nick de le faire partir au plus vite. Il est transféré dans un foyer aux conditions saines. Après de nouveaux délits et quatre années de passées en prison, il reprend ses études et trouve un emploi stable. Il rencontre Maggie avec qui il a deux fils et, lorsque, des années plus tard, il croise dans la rue Tony Creal, avec un petit garçon à ses côtés, il met en marche une procédure de justice. Le pédophile est jugé coupable mais trop âgé pour faire de la prison.
Melvin Burgess, à travers l’histoire de Nicholas Dane, écrit un plaidoyer contre les services sociaux des années 1980 en Angleterre. Jamais il ne tombe dans la caricature et la banalité ; son récit est rythmé et l’action habilement mise en place. L’auteur critique les services sociaux qui ne contrôlent pas les conditions de vie des foyers ou qui ferment les yeux sur la violence et la pédophilie. Ces actes sont toujours dérangeants pour les autorités, les familles : l’incrédulité des adultes paralyse les victimes qui préfèrent se taire. Les passages concernant les conséquences psychologiques de la maltraitance et du viol sont bien écrits et très réalistes. L’auteur dénonce une société qui abandonne ses orphelins et en fait des adultes délinquants. Comment de telles horreurs ont pu exister dans notre société ?
Mais, plus dur encore, Melvin Burgess met en exergue l’injustice, la malchance, et l’indifférence générale dans lesquelles évoluent tous les personnages de ses romans. Une nouvelle fois, il frappe haut et fort avec cette nouvelle histoire, même s’il est osé de la publier dans une collection destinée aux jeunes. Pourtant, même si le sujet est épouvantable, nous n’avons pas le droit de le passer sous silence car ces abus existent toujours.
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