1000 vents, 1000 violoncelles de Hideko Ise, chez Nobi Nobi
Alors qu’aujourd’hui de nombreux élans de solidarité se forment à travers le monde entier pour venir en aide aux sinistrés de catastrophes naturelles de plus en plus importantes, Hideko Ise, avec son trait artistique si particulier et si reconnaissable, nous apporte avec cet album jeunesse1000 vents, 1000 violoncelles une certaine nostalgie et de l’espoir.
Hideko Ise, violoncelliste, dessinatrice, essayiste et traductrice, offre par sa sensibilité des albums jeunesse dignes de romans d’initiation et d’apprentissage. Dessinant et écrivant elle-même ses œuvres, elle reçut de nombreux prix littéraires dans son pays.
Cet ouvrage, 1000 vents, 1000 violoncelles est un hommage aux sinistrés du grand tremblement de terre de Kobe en 1995. L’auteur ne l’ayant pas vécu directement mais étant sur les lieux de la catastrophe deux mois après, fut choquée par l’ampleur des dégâts et ne put en dessiner aucun croquis. Ce n’est qu’en 1998, en allant jouer au concert de soutien organisé par des associations qu’elle se libérera de toute cette horreur et qu’elle décidera d’en faire un album dans l’idée de transmettre aux gens que l’on peut surmonter un tel traumatisme.
Hideko Ise l’exprime avec une sensibilité véritable et une démarche à la fois poétique et nostalgique. On suit ainsi deux enfants qui apprennent à jouer du violoncelle : l’un n’arrivant pas à un son parfait et l’autre jouant admirablement bien mais avec un son triste et mélancolique. Alors qu’ils apprennent à se connaître, ils découvriront le lieu de répétition d’un concert de soutien en mémoire des vies perdues lors du tremblement de terre. Ils rencontreront alors un vieux monsieur avec lequel ils joueront, répéteront et chercheront leur but véritable : surmonter la perte d’une chose aimée. Ce n’est qu’en faisant cette recherche de soi et en suivant les répétitions qu’ils arriveront au moment crucial : le concert où 1000 violoncelles retentissent à l’unisson, libérant les musiciens du traumatisme…
Grâce à ses dessins et son texte, admirablement bien adapté au langage des enfants, Hideko Ise nous entraîne tout au long de l’album vers la libération d’un choc contenu. Ses aquarelles, ses dessins ressemblant à des traits non-finis offrent une touche de légèreté et de liberté qui s’inscrit parfaitement dans l’idée qu’elle veut faire passer. Seule une photo de la catastrophe au milieu de l’histoire souligne par sa dureté et son réalisme le choc de l’événement. Le texte, adapté et simple, permet aux enfants, comme aux adultes, de pouvoir découvrir ce cataclysme avec un regard différent et de mieux l’appréhender, tout en signalant que ceux qui ont survécu sont importants et qu’il faut donc avancer pour eux.
Charlène Hugonin
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