mardi 19 octobre 2010

La fille de son père , d’Anne Berest, ed. Le Seuil (160 p.)

« Pour la deuxième fois de ma vie, je me retrouve dans l’embarrassante situation d’assister à un enterrement auquel personne ne m’a conviée. »

Le roman s’ouvre sur ce curieux chapitre dont nous ne saisirons le sens qu’à la fin du récit, la narratrice y revit les principaux évènements qui ont conduit à la révélation d’un secret de famille. Sœur cadette, elle est celle qui paraît avoir le moins de prise sur son destin et se laisse porter entre la grande sœur autoritaire et l’attachante petite soeur. Le père, dépassé par ses trois grandes filles rousses a retrouvé une femme, mais l’image de la mère plane toujours sur la famille et dans la maison où son bureau est conservé comme un sanctuaire. Pour les trois sœurs, si proches dans leur jeunesse, le charme paraît s’être évanouit « Notre situation aujourd’hui est embarrassante, propre à celle des amants dont l’amour s’est éteint et qui s’en excusent l’un l’autre: pardon de ne plus t’aimer aveuglément; pardon de ne plus te trouver si indispensable que ma vie en dépende. »

Le père essaie malgré tout d’entretenir le lien en organisant avec sa compagne Catherine, souvent maladroite, des réunions de famille. Lors de l’anniversaire d’Irène, l’aînée, Catherine excédée par ces filles qui forment un bloc face à elle et sont telles des « hyènes », craque et révèle un secret qui va bouleverser tout le monde. Ils vont tous devoir se remettre en cause ainsi que les liens qui les unissent. Certaines vont agir et d’autres se tairont. C’est à ce moment-là que les soeurs sans s’en rendre compte vont se rapprocher, car au final ce qui les lie est plus fort que tout le reste.

Le style d’Anne Berest est à la fois simple et travaillé, elle ne fait pas partie de ces jeunes auteurs qui essaient à tout prix de se démarquer dès leur premier livre. Si on a parfois du mal à s’identifier à la narratrice, qui est quasiment spectatrice de sa propre vie, on comprend tout à fait le choix de l’auteur. Pour finir, le lecteur se laissera tout autant berner que la narratrice et ne pourra prévoir le dénouement final.

Anne Berest est née en 1979. Elle vit et travaille à Paris. Lorsqu'elle n'écrit pas de romans, elle prête sa plume aux familles, écoute leurs récits et écrit leurs mémoires. La fille de son père est son premier roman.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire