mercredi 19 septembre 2012

Le livre que tout le monde veut !



Dans son troisième roman, Carlos Ruiz Zafon nous fait visiter la Barcelone d’après-guerre à la recherche de la solution à l’énigme du premier livre de Julian Carax, L’Ombre du vent. Entre inventaire des séquelles de la guerre et corruption de la ville, nous déambulons dans les rues parfois désertes en compagnie d’un enfant qui grandit page après page mais toujours à la recherche d’indices sur le livre que beaucoup souhaiteraient posséder.

Tout commence par l’entrée dans l’âge adulte de Daniel, jeune enfant de Barcelone  en 1945, qui choisit un livre parmi tous ceux du Cimetière des Livres oubliés. Là commence la course poursuite entre Daniel et un homme voulant à tout prix récupérer l'ouvrage pour le détruire. Le jeune homme souhaite connaître les raisons et l’histoire de cet inconnu tandis que ce dernier déplace monts et forêts pour anéantir toutes les œuvres de l’auteur du livre de Daniel. Avec l’aide de libraires, parents, proches et inconnus ou alors avec celle des forces de l’ordre chacun des deux camps tente de faire basculer l’autre. Mais pourquoi cet enfant tient-il tant à ce livre apparement sans intérêt et qui est cet homme qui semble vivre dans l’unique but de le détruire ?

Carlos Ruiz Zafon nous entraine si bien dans cette époque qu’il nous suffirait de fermer les yeux pour entrer dans la petite librairie de quartier du père de Daniel et y recevoir ses conseils ou encore découvrir avec stupéfaction les plus petits détails qui ont fait la vie de Julian Carax. Ainsi, quand le jeune garçon fait face pour la première fois au Cimetière, nous entrons avec lui : « Quand nous avions passé le porche, les rues sommeillaient encore dans la brume et la rosée nocturne. Les réverbères des Ramblas dessinaient en tremblotant une avenue noyée de buée, le temps que la ville s’éveille et quitte son masque d’aquarelle. En arrivant dans la rue Arco del Teatro, nous nous aventurâmes dans la direction du Raval, sous l’arcade qui précédait une voûte de brouillard bleu. Je suivis mon père sur ce chemin étroit, plus cicatrice que rue, jusqu’à ce que le rayonnement des Ramblas disparaisse derrière nous. La clarté du petit jour s’infiltrait entre les balcons et les corniches en touches délicates de lumière oblique, sans prévenir jusqu’au sol. Mon père s’arrêta devant un portail en bois sculpté, noirci par le temps et l’humidité. Devant nous se dressait ce qui me parut être le squelette abandonné d’un hôtel particulier, ou d’un musée d’échos et d’ombres. » Néanmoins, les aléas de récits qui s’entrechoquent rendent parfois un peu complexe la compréhension du moment où se passe l’action racontée. Mais on s’imprègne dès les premières lignes de l’ambiance et on ressent l’envie, aussi nécessaire que celle de Daniel, de connaître L’Ombre du vent et son histoire.

L’Ombre du vent, Carlos Ruiz Zafon
Le livre de poche, 2006, 640 pages, 7.70€

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire