Un peu de viande fraîche, parfois, ça fait du bien !
Avec Bifteck, Martin Provost nous sert un troisième roman aux petits oignons.
Le récit nous emmène dans le Quimper de 1914, au cœur d’une Bretagne tellement pittoresque et caricaturale qu’on la croirait presque authentique. Un cadre parfait pour suivre les déboires d’André, jeune boucher avec une prédisposition pour manipuler la chair, celle de ses produits comme celle de ses clientes…
Malheureusement pour lui, la guerre se termine et les ennuis commencent : les hommes rentrent du front et notre bon André se retrouve avec sept marmots sur les bras et un mari jaloux à ses trousses. En désespoir de cause, il s’embarque pour les Amériques avec ses enfants, entamant une épopée digne d’un héros grec.
Bifteck est un roman improbable, où l’absurde côtoie l’improbable et où l’irréalisme devient la règle. La narration est fluide et le style simple et agréable, mais ce sont véritablement les images évoquées qui font tout le caractère du texte. Chaque scène dégage une ambiance unique et un parfum marqué - ce qui, au final, n’est pas très étonnant quand on sait que l’auteur est issu du monde du cinéma.
Mais au-delà du roman d’images, Bifteck s’adresse aux sens, faisant appel aussi bien à la vue qu’à l’odorat, au goût, au toucher et même au son. Du début à la fin, André et ses enfants transportent avec eux, sur les mers comme sur terre, cette saveur particulière, qui rappelle la petite boucherie quimpéroise décrite dans le premier chapitre.
Seul bémol dans cette partition quasi parfaite : un final un peu décevant sans rapport palpable avec ce qui précède. Un os d’autant plus difficile à avaler que le reste du texte se dévore avec une facilité déconcertante.
Bifteck reste malgré tout une histoire drôle et originale, servie par une narration terriblement efficace. Un roman alléchant mais qui laisse un peu sur sa faim.
Charlélie D.
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