vendredi 9 octobre 2009

Le Voyage d'hiver d'Amélie Nothomb

Le Voyage d’hiver d’Amélie Nothomb
« Il n’y a pas d’échec amoureux », il y a des échecs tout court… Nous avons tous souffert d’une déception amoureuse mais avons-nous conscience des conséquences de nos frustrations ? Zoïle, un agent d’EDF sans histoires, compte faire exploser l’avion de 13h30 au départ de Roissy-Charles-de-Gaulle parce qu’il a le cœur brisé. Pendant les quatre heures qui précèdent cet acte, il va écrire sa haine sur un bout de papier qui disparaîtra avec lui, un bout de papier de 133 pages que nous révèle Amélie Nothomb dans son dernier roman.
Zoïle ne tient pas à se déculpabiliser ni à expliquer son acte, non, il veut faire passer le temps dans l’aéroport. Il raconte son amour impossible avec Astrolabe, une femme charmante dévouée à son amie Aliénor, une romancière attardée, véritable génie littéraire. Les deux femmes vivent en colocation dans un appartement même pas chauffé et Zoïle va les rencontrer lors d’une banale visite d’EDF. Il va tomber fou amoureux d’Astrolabe, celle qu'il croyait au départ être la romancière. Ils vont se revoir très vite mais Astrolabe prévient tout de suite Zoïle, elle doit s’occuper d’Aliénor qui est limitée et ne peut pas avoir d’intimité avec lui : elle s’est engagée et ne compte pas laisser tomber la romancière. Zoïle se résigne, frustré, à supporter cette condition. Il essaiera néanmoins de passer ne serait-ce que quelques minutes avec sa bien-aimée mais doit supporter le regard vitreux d’Aliénor. Il décide alors de droguer les deux femmes avec des champignons hallucinogènes. Accompagné du son électronique d’Aphex Twin, il va profiter de l’étourdissement d’Aliénor pour se rapprocher d’Astrolabe, mais celle-ci reste docile malgré ses visions psychédéliques et va même se moquer de son « plan foireux ». Devant l’impossibilité de vivre son amour, Zoïle va développer une frustration mélangée à une haine incommensurable. Il décide à ce moment précis de commettre un attentat et choisit pour cible la Tour Eiffel, monument apprécié d’Astrolabe et symbole du A, de l’amour.
Amélie Nothomb, fidèle à la rentrée littéraire, signe ici son dix-huitième roman chez Albin Michel. On y retrouve sa touche personnelle avec des prénoms extravagants et invraisemblables : Astrolabe et Zoïle... qui sont aussi des noms communs. Son récit use de la dérision, se veut troublant voire dérangeant et nous fait voyager dans les profondeurs de l’âme humaine. Elle développe un thème déjà présent dans Le Sabotage amoureux, Robert des Noms propres et Attentat, celui de l’amour inconditionnel non partagé. Elle ne se renouvelle donc pas mais arrive toujours à nous surprendre. Néanmoins, on peut regretter la brièveté de ce roman qui tient plus de la nouvelle et qui nous laisse sur notre faim.
Le Voyage d’hiver d’Amélie Nothomb, Albin Michel, 2009, 133 pages, 15

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire