vendredi 9 octobre 2009

Le cœur en dehors, Samuel Benchetrit, Grasset, 2009, 297 p.

Charles Traoré, dit Charly, est un jeune français de 10 ans, qui vit dans la « tour Rimbaud » avec sa mère et son frère, tous deux maliens. Un jour, alors qu’il s’apprête à partir pour l’école, il voit sa mère se faire emmener par la police, accompagnée par une dame mystérieuse. Ne comprenant pas ce qui se passe, il décide de faire l’école buissonnière pour partir à la recherche de son frère, un jeune drogué, afin de lui demander des explications. Tout au long de son périple dans la cité qui l’a vu naître, des lieux et des choses vont éveiller sa mémoire et, de digressions en fictions, Charly va partager sa vie avec le lecteur.

Charly a beaucoup d’imagination, nous dit-il. Tant et si bien que, même si le récit la présente parfois comme un défaut, dans le récit, elle permet au lecteur de se glisser dans sa peau pendant quelques heures. En suivant une seule journée de sa vie, bien qu’elle soit un peu particulière, on partage son quotidien : on rit lorsqu’il évoque ses amis, les larmes montent aux yeux quand il pense à sa famille, on espère avec lui lorsqu’il rêve de Mélanie, son « amoureuse »...

Samuel Benchetrit signe un récit émouvant et enjoué à la fois, malgré la réalité sombre du contexte. L’histoire est rythmée par des chapitres au format horaire, qui, s’ils symbolisent la fuite du temps, nous font comprendre ici combien il passe lentement pour un enfant éloigné de sa mère. Mais, plus qu’une jolie histoire, l’auteur nous livre un portait authentique et désolant des cités françaises et des problèmes auxquels sont confrontés tous les jours leurs habitants, enfants comme adultes : drogues, drames familiaux, misère, laideur, clandestinité...

Un livre à envoyer d’urgence aux responsables politiques, pour qu’ils comprennent enfin que donner à des tours laides le nom d’un poète ne suffit pas à les rendre belles, qu’ouvrir un centre commercial au cœur d’une cité ne rend pas les gens plus riches, et, surtout, afin qu’ils regardent de plus près leur quota d’expulsions, en songeant aux conséquences sur les familles brisées par leur politique.

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