mardi 6 octobre 2009

Le Cercle des Douze, Pablo de Santis

Le nouveau roman de Pablo de Santis, Le Cercle des douze, nous entraîne dans le Paris de la fin du XIXe siècle, à la veille de l'Exposition universelle de 1889. Les douze détectives les plus célèbres s'y sont donné rendez-vous pour présenter un catalogue d'objets et échanger sur leurs méthodes d'investigation et leur perception du crime. Leurs réunions vont être perturbées par une série de morts étranges qui impliquent certains membres de l'organisation. À travers une atmosphère lourde et sombre, Pablo de Santis nous fait découvrir un Paris d'époque, où la Tour Eiffel, symbole de modernité, divise, et où s'affrontent progressistes et obscurantistes.



Pablo de Santis est un auteur argentin, connu notamment pour ses livres destinés à la jeunesse. Il est scénariste de B.D. Ses trois précédents romans sont également parus aux éditions Métailié.



Dans Le Cercle des douze, nous suivons Sigmundo Salvatrio, un jeune Argentin initié à l'art de l'investigation policière par Renato Craig, un détective de Buenos Aires. Ce dernier, après une enquête éprouvante, se voit dans l'impossibilité d'assister au rassemblement des Douze à Paris. Il charge alors Salvatrio de le représenter en tant qu'assistant. Le Cercle a été créé par les douze détectives les plus pointus du monde : les plus grandes revues d'investigation leur consacrent des articles  et relatent leurs enquêtes. Dès les premiers jours, un des détectives meurt en haut de la Tour Eiffel. Salvatrio va enquêter aux côtés de Viktor Arzaky, un Français qui se trouvait être en mauvais termes avec la victime, un détective français lui aussi. S'ensuivent d'autres événements mystérieux qui vont conduire Salvatrio vers divers mouvements ésotériques, sectes occultistes et vers Arzaky lui-même. La suspicion gagne rapidement du terrain et met en lumières les divergences de points du vue et la méfiance qui règnent entre les détectives, à quoi s'ajoutent la concurrence et l'avidité de pouvoir. Cette enquête inattendue va permettre à notre jeune débutant de tester ses capacités sur le terrain et de faire ses preuves devant les plus grands, qui ne révèlent pas si blancs qu'ils veulent le faire croire.



Ce polar bien mené offre une bonne restitution de l'ambiance du vieux Paris. Le récit est ponctué de descriptions qui accentuent le côté sombre de la ville et des protagonistes. Salvatrio, le personnage principal, est aussi le narrateur, ce qui donne au roman un aspect de compte-rendu d'enquête. Ce procédé d'écriture, méthodique et précis, contribue à rendre l'histoire réaliste et permet au lecteur de s'y plonger facilement. D'autre part, le récit est parsemé de petites énigmes que se partagent les détectives lors de leurs réunions. Ils y exposent les faits, les détaillent, émettent leurs hypothèses et apportent la solution. Plusieurs petits mystères originaux sont ainsi élucidés rapidement, ce qui rythme le récit et permet de rattraper le dénouement final, qui est un peu décevant. Un autre aspect intéressant de ce polar historique est la réflexion sur le progrès, propre à cette période en pleine révolution industrielle. La construction de la Tour Eiffel a beaucoup divisé et le livre explore de manière instructive les diverses réactions populaires que cela a suscité. À travers son enquête, le narrateur offre au lecteur différents points de vue sur la notion de progrès, et l'emmène à la découverte de mouvements intellectuels marginaux et de sectes ésotériques croyant aux forces paranormales...




Le Cercle des douze, Pablo de Santis. Traduit de l'espagnol (Argentine) par René Solis. Éditions Métailié, 2009, 19€

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire