mercredi 21 septembre 2011

Du domaine des murmures, histoire d'une jeune fille entre quatre murs par Carole Martinez, Éditions Gallimard (2011).

   Douce Esclarmonde, veux-tu m'épouser ?
   Que nenni ! Je préfère m'emmurer.

 Nous sommes en 1187, en plein Moyen Âge. Vous êtes jeune et vive, toute pimpante, princesse du domaine des Murmures et vous allez bientôt devenir la promise - on ne vous demande pas votre avis - d'un coureur de jupon, arrogant : un certain Lothaire de Montfaucon.
« Comment échapper à cette destinée sinon avec l'aide du Christ ? »

 Esclarmonde n'a que quinze ans lorsque son père décide de la marier. Mais contre toute attente, elle ose dire « non » et devant la noce scandalisée, fait le choix de s'offrir à Dieu ; seul capable « de tenir les hommes en échec et leur arracher une vierge ».

 Dans « Esclarmonde », il y a le mot « éclat ». Un prénom porté à merveille par cette jouvencelle au caractère bien trempé, très mature pour son âge et maîtresse de son destin. Le voeu qu'elle prononce est sans retour, sa décision irrévocable. Elle sera emmurée vive, en parfaite communion avec son nouvel amour : le divin, et pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvue de barreaux – qui dit mieux ? « Cette bouche de pierre est devenue la mienne, mon unique orifice. »

 Étrangement, c'est un livre dans lequel on voyage : à travers les récits de ceux qui lui rendent visite d'abord, puis à travers sa foi, sa quête de spiritualité, facilement partagée grâce à l'emploi judicieux de la première personne du singulier. Le style est fin, presque sensuel. L’écriture glisse, les mots filent…comme un murmure. « Je suis l’ombre qui cause. Celle qui s’est volontairement clôturée pour tenter d’exister. Je suis la vierge des Murmures ».

 L’expérience est réussie, tout à fait « mystique » et « charnelle » comme nous l’avait promis la quatrième de couverture. Le lecteur, témoin de la nature parfois cruelle des hommes, est transporté au cœur des superstitions et des légendes d’une époque moyenâgeuse révolue. Après son premier roman Coeur cousu, Carole Martinez fait son grand retour, sous les traits d’une magicienne. Et nous nous garderons bien de réveiller tous les secrets de ce nouvel opus, ensorcelant jusqu’à la moelle !

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