Entre Jane Austen et son célèbre Orgueil et Préjugés ou
encore Emily Brontë et Les Hauts de Hurlevent, Charlotte Brontë a su se faire une place parmi les plus
grand(e)s du roman gothique.
Charlotte Brontë rêvait en lisant Lord Byron.
Jane Eyre nous fait rêver.
A l’apogée du romantisme, quand les titres
sortaient à foison, Charlotte Brontë, inconnue jusqu’alors, sort son deuxième
roman. Une enfance malheureuse, une passion déchirante mais aussi du suspense.
Tout est là pour tenir le lecteur en haleine durant les quelques 544 pages qui
constituent ce roman.
Jane, jeune fille orpheline ayant vécue en
pension depuis ses dix ans., décide de changer de vie, de quitter son métier
paisible de maîtresse pour rechercher une place d’institutrice dans un monde ô !
combien mystérieux et passionnant pour elle. Un monde qu’elle ne connaît que
d’après les bouquins qu’elle dévore depuis son enfance. C’est en s’embarquant
dans ce qui lui semble être une folle aventure, qu’elle rencontre un homme qui occupera
toutes ses pensées. Il n’est pas beau, un peu présomptueux, bourru et de vingt
ans son aîné. Il est donc parfait (pour elle) ! Mr. Rochester est un homme
riche et, comme tout le monde le sait, la jeune institutrice ne peut s’enticher
du puissant maître de maison.
Charlotte Brontë ne nous offre pas une
classique histoire d’amour impossible qui finira bien (car oui, on reste tout
de même dans le pur romantisme). On suit les sentiments contraires et déchirés
de la pauvre Jane Eyre qui se force à suivre sa raison plutôt que son cœur. Peu
arriveraient à résister comme elle le fait !
L’auteure développe une multitude de
personnages tout aussi complexes les uns des autres. Jane Eyre est une jeune
femme naïve, qui se complaît dans l’obéissance à ses maîtres, mais qui ne
manque pourtant pas de mordant lorsqu’elle le juge nécessaire. L’amour qu’elle
porte à Mr. Rochester lui procure vaillance et puissance. Ce dernier, lui,
est fait de contradictions. Homme sarcastique et hautain de premier abord, il
devient aussi soumis et câlin qu’un jeune chiot lorsqu’il s’éprend de l’institutrice.
Jeune fille de famille bourgeoise, Charlotte
Brontë s’est inspirée de sa propre vie pour créer le personnage de Jane Eyre.
Elles ont toutes deux très mal vécu leurs années en pension, dans un
établissement insalubre régi par un directeur cruel. De même, elle a également connu la passion auprès de son maître lors
de son séjour à Bruxelles en tant que gouvernante. On peut donc penser qu’elle
a choisi un tout autre destin pour son héroïne qui se rapproche plus de celui
qu’elle avait espéré vivre en quittant son Angleterre natale.
Jane Eyre saura combler celles qui apprécient les romans qui proposent une autre
vision de l’Angleterre victorienne à travers les difficultés de la vie de l’héroïne.
Jane Eyre, Charlotte Brontë (traduit par
Charlotte Maurat)
Le livre de poche, 544 p., 5,50 €
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