mercredi 23 novembre 2011

M. Peureux de Roger Hargreaves Hachette jeunesse – 1986

Roger Hargreaves ou le créateur d’une collection incontournable pour les tout petits ? Cet Anglais publié chez Hachette a bercé plus d’une génération avec ses « bonhommes » et « [ses] dames ». Et pour cause ! Ces livres traitent des aspects de la personnalité auxquels sont confrontés les enfants au quotidien. Ils peuvent ainsi facilement s’identifier aux personnages.

M. Peureux par exemple, est un classique du genre, son imagination débordante et sa paranoïa évidente font de lui un personnage très touchant. Il s’agit d’un bonhomme rose dessiné avec des contours imprécis, qui a peur de tout, absolument tout ! Le moindre son lui évoque des images d’horreur, il se pense donc constamment en danger et reste souvent paralysé par la peur. Un jour, cependant, il va prendre la décision de sortir de chez lui et d’aller explorer la forêt voisine à ses risques et périls… Par manque d’attention, il ne va pas voir le vagabond allongé sur l’herbe et va s’approcher sans se douter de la surprise qui l’attend. Soudain, lorsqu’il prend conscience du danger, on l’entend prononcer ces mots : « Oh, pauvre de moi ! Ce lion cruel va me couper en morceaux avec ses longues dents et ses griffes acérées ! Il va me hacher menu et m’avaler tout cru ! ». Que va-t-il donc advenir de M. Peureux ?

Le livre nous montre qu’avec un peu de calme et de raison, on parvient à vaincre nos peurs et qu’il ne faut pas se laisser submerger par nos angoisses. Si vous cherchez un ouvrage avec des illustrations de qualité et un genre littéraire poussé, vous ne frappez pas à la bonne porte. Néanmoins, le style assez scolaire et très épuré de ces petits livres au format carré est très accessible pour les enfants, les formes des dessins sont simples et le cadrage est intéressant (gros plans sur le visage du personnage, vue d’ensemble où on l’aperçoit à peine), le lecteur n’est pas inondé par une multitude de détails qui sont parfois peu pertinents. L’auteur se contente de l’essentiel pour la compréhension de l’histoire.

Ces contes modernes de Roger Hargreaves mettent en avant un enseignement utile pour la quête de soi mais, tout en légèreté, sans avoir une portée moralisatrice. Chaque livre de cette collection met l’accent sur un trait de caractère précis, qu’il soit positif ou négatif, et rend le choix d’un bonhomme ou d’une dame très subjectif dans la mesure où l’on se reconnaîtra plus facilement dans telle qualité ou tel défaut. Par conséquent, si vous n’êtes pas de nature peureuse, peut-être serez vous séduit par M. Incroyable, Mme. Bonheur ou encore M. Rêve.

Un conte de fées, la vie rêvée?

Le Troisième Vœu, Janette Rallison, traduit de l’anglais (États-Unis) par Nathalie Daladier et Cyril Laumonier, La Martinière Jeunesse, 2010 Vous en avez assez des héroïnes parfaites de contes de fées attendant patiemment leur prince charmant sans rien faire? Le Troisième vœu devrait vous plaire. Le livre débute sur une lettre de Chrysantha Astrale (jeune élève à l’université des Marraines Fées) adressée au professeur Dor dans laquelle on apprend que pour valider son semestre sous peine d’être recalée, elle doit accomplir une mission. Accorder des vœux auprès de l’une des sœurs Delano, Jane ou Savannah, jeunes adolescentes Américaines aux caractères opposés. Nous découvrons la studieuse, paisible, discrète et responsable Jane (dix-sept ans) et l’insouciante, superficielle, populaire et jolie Savannah (seize ans) en froid car Hunter, le petit ami de la cadette, l’a quittée pour son aînée, avec laquelle il a plus de points communs comme un réel souci de son avenir et l’amour des études. Désespérée par cette rupture car elle espérait se rendre avec lui au bal de fin d’année du lycée, Savannah refuse par orgueil de donner une chance à Tristan, un ami de Hunter qui souhaitait la connaître et l’a accidentellement humiliée en public. La jeune fille est ravie de l’aubaine quand Chrysantha lui propose de réaliser trois vœux, désirant rencontrer le prince charmant à temps pour le bal. Seulement, la marraine fée est aussi égoïste, inattentive et peu soucieuse de ses agissements que sa protégée, ce qui attirera de nombreuses déconvenues à Savannah… Ainsi qu’à son entourage. « Je ne l’ai pas transformé en grenouille, il est bien trop mignon pour ça ! Sa façon de parler confirmait mes pires craintes. – L’as tu transformé en autre chose ? – Non, pas encore, je n’ai pas terminé. – Terminé quoi ? – De le transformer en prince. » Ce roman jeunesse, qui peut être lu par tous mais s’adressant surtout aux filles, est drôle et détourne à merveille les contes de notre enfance tout en y apportant une touche de modernité. On y apprend que le prince est tout simplement odieux ou encore que les lutins irlandais aiment jouer au poker avec les Gremlins d’ordinateur. La première partie du roman se concentre sur la vie de Savannah expédiée en plein Moyen Âge dans les rôles successifs de Cendrillon et Blanche-Neige où elle n’a pas du tout sa place et comprend que la vie de princesse de conte n’est pas si enviable. La deuxième partie relate les efforts de l’adolescente pour réparer les conséquences de son troisième vœu et la résolution d’un mystère au sein du royaume avec une intrigue solide et un dénouement assez surprenant, le tout dans un style simple, sympathique, avec des références à la culture populaire, auquel les plus jeunes lectrices s’identifieront sans peine (« Pour un personnage de dessin animé, Shang était canon »). Il y a une véritable évolution dans le personnage de Savannah, qui de jeune fille sans cervelle et gâtée devient courageuse et inventive. Le seul point noir serait la constance de certains personnages comme Jane et Hunter qui ne changent pas vraiment. Mais on oublie vite ce détail pour se concentrer sur les mésaventures de nos protagonistes, prêtant tantôt à sourire ou à trembler. Un véritable vaccin contre les rêves de princesses, vive les filles d’aujourd’hui !

Quand Grand-mère revenait… d’Anna Rouvière, illustrations d’Éric Battut

Quand Grand-mère revenait… est un album jeunesse paru aux Éditions du Jasmin dans la collection Karé, accessible dès l’âge de 5 ans.

Anna Rouvière décrit avec émotions les nombreux moments qu’elle a passé avec sa grand-mère aujourd’hui disparue. Elle évoque ici le deuil à travers ses souvenirs, des moments symbolique de son enfance passée en compagnie de son aïeule. Son style est tout en délicatesse et rythme :

« Quand Grand-mère revenait

avec moi de la forêt,

dans nos paniers il y avait

des mûres qui font la bouche bleue,

de la menthe sauvage,

des noisettes, des champignons,

dont elle me disait les noms,

cèpes, coulemelles, mousserons,

et un lézard vert qui me laissait

un bout de sa queue

quand il s’enfuyait.. »

Il est si bon de se remémorer ce temps où tout était plus simple, où l’on se satisfaisait de plaisirs simples, une promenade dans la forêt, ou l’odeur qui se répandait dans la cuisine de notre grand-mère lorsqu’elle cuisinait. Ces instants sont aussi ceux qui nous ont fait grandir, qui nous ont lancés à la découverte du monde qui nous entourait. Les grands-parents occupent une place importante dans la vie d’un enfant, ils sont souvent complices, comme dans cet album où la grand-mère ramène toujours un petit quelque chose de ses promenades pour l’offrir à l’enfant.

Éric Battut illustre avec tout autant de douceur le texte d’Anna Rouvière. Ses petits personnages plongés dans un décor fait de grands aplats colorés nous émeuvent, comme cette petite grand-mère souriante qui nous semble si fragile et ces paysages aux couleurs chaudes.

Voici un album qui plaira aux grands comme aux petits et qui replongera chacun dans ses souvenirs de vacances, dans les moments passés avec une grand-mère.


« J’ai beau réfléchir, je ne sais pas qui je suis ni qui j’aimerais être. » Le faire ou mourir, de Claire-Lise Marguier, Le Rouergue (2011)

C’est un livre tragique qu’annonce Claire-Lise Marguier avec son premier titre, Le faire ou mourir. Et pourtant, ce n’est pas le pathos qu’elle cherche à transmettre, comme il est si facile de le faire dès qu’on touche au sujet de l’adolescence. C’est un cri sourd et lancinant, celui de la révolte : contre la rigidité, les préjugés, l’exclusion et les barrières sentimentales. Un cri qui finit par nous percer les oreilles.

Damien grave son surnom à l’intérieur de ses cuisses avec une lame de rasoir : DAM 2 CARO. Le sang qui coule emporte avec lui le trop plein de ce qu’il ressent, en permanence, sans qu’il puisse le dire. Après s’être fait tabasser une fois de plus par la bande des « skateurs », il a rencontré Samy, jeune homme franc et décomplexé, vêtements noirs, maquillage sombre autour des yeux, piercings sur le visage. Pour la première fois de sa vie, il a senti qu’il existait, qu’on le considérait, qu’on l’appréciait. Alors que son père furieux tente de l’en empêcher, il se rapproche de Samy et de sa bande, adopte leur style et trouve dans leur affection un refuge. Mais l’affolement qui le gagne au fur et à mesure de son amour pour le jeune homme, la pression de son entourage, le rejet de sa famille le plongent dans une situation insupportable.

« Mourir ça me fout la trouille. J'ai juste envie de m'asseoir par terre dans le coin d'une pièce et de pleurer sur mon sort. Juste attendre que ça passe. Je voudrais être malade pour rester au lit, que tout le monde s'inquiète et s'occupe de moi. Comme un bébé. »

On étouffe avec lui dans cette vague de noirceur et de solitude. Enfin, quand Samy se rapproche de lui, cette fois là, dans sa chambre, Dam sait que tout peut basculer. Il faut choisir : le faire, ou mourir.

L’auteur nous montre d’abord le « mourir » : l’explosion, la violence, le massacre. Et on découvre, pour notre propre honte, à quel point c’est jubilatoire : après cette ascension de haine, le meurtre devient libération. Puis tout s’arrête. Flash-back, on rembobine. Et on se rend compte qu’en fait, ils l’ont « fait ». Et le dénouement heureux qui suit nous tire presque des larmes, à nous coupables d’avoir cru à la violence, d’avoir cru à ce qui aurait pu se passer si la haine avait gagné. Et elle n’en était pas loin.

Malgré un début presque répétitif, Claire-Lise Marguier excelle à nous faire bouillir intérieurement autant que son personnage, jusqu’à la prise de conscience que nous aussi, nous aurions pu choisir la haine. On sort de ce roman perturbé, essoufflé et coupable, touché par une telle justesse.

Le Royaume de Kensuké, Michael Morpurgo

Le Royaume de Kensuké est un livre traduit de l’anglais par Diane Ménard et publié chez Gallimard Jeunesse. Il a reçu le Children’s Book Award 2000 en Grande-Bretagne.

Michael Morpurgo, célèbre auteur de plus d’une soixantaine d’ouvrages pour la jeunesse (par exemple, Kaspar, le chat du Grand-Hôtel ou Le Jour des baleines), connus dans le monde entier et très souvent primés, a toujours été passionné par deux grandes œuvres de la littérature : Robinson Crusoé et L’Ile au trésor. Et c’est tout naturellement qu’il a écrit lui-même sa propre histoire d’île déserte et de naufragé.

L’histoire commence sur une révélation. Michael a un secret à nous dire, cela fait dix ans qu’il le garde précieusement au fond de son cœur et dans ses souvenirs : « J’ai disparu la veille de l’anniversaire de mes douze ans. Le 28 juillet 1988. Aujourd’hui seulement, je peux enfin raconter toute cette histoire extraordinaire, la véritable histoire de ma disparition. Kensuké m’avait fait promettre de ne rien dire, rien du tout, jusqu’à ce que dix ans au moins se soient écoulés.»

Le jeune garçon a onze ans et vit avec sa famille : sa mère, son père et Stella Artois, sa chienne. Lorsque son père se fait licencier, Michael, ses parents et Stella sont obligés de vendre la maison. Ainsi commence leur nouvelle vie à bord d’une péniche, appelée Peggy Sue.

Leur maison flottante va leur faire découvrir de nombreux pays : Amérique, Australie, Afrique, etc. Tout le monde semble heureux à son bord. Et pourtant, une nuit, alors qu’une tempête fait rage et que les parents son endormis profondément, Stella tombe à l’eau. Michael tente par tous les moyens de la récupérer, mais tombe à son tour, instable sur la péniche secouée par les vagues.

Désireux d’échapper à la noyade, il se débat de toutes ses forces dans l’eau noire et glaciale , avalant des trombes d’eau salé tandis que le bateau s’éloigne à l’horizon, jusqu’à disparaître complètement de sa vue. Le jeune garçon finit par s’endormir dans l’eau, complètement épuisé, et lorsqu’il se réveille, il se retrouve échoué sur une île déserte avec sa chienne : « Je regardais autour de moi. Pas de haubans au-dessus de moi, pas de voiles. Pas de mouvements au-dessous de moi, non plus, pas un souffle de vent. Stella Artois aboyait, mais comme si elle était loin. Je n’étais pas du tout sur un bateau, j’étais allongé sur du sable. »

Se croyant seul, Michael va survivre du mieux qu’il peut avec Stella. Un matin, alors qu’il est à bout de force, il remarque que quelqu’un a déposé près de la « cabane » qu’il s’est construite un peu de nourriture ainsi que de l’eau douce. Il n’est donc pas seul sur l’île ! L’espoir lui revient, il se met à chercher cette personne et va finir par trouver le vieil homme, nommé Kensuké. Un fort lien d’amitié va les unir tous les deux, et ils vont vivre ensemble de merveilleuses aventures et partager des moments uniques. Mais un jour, les parents de Michael parviennent à le retrouver, et ce dernier doit abandonner son ami pour retourner avec ses parents. Et pourtant, leur amitié continue à vivre à travers leurs souvenirs. Michael n’oubliera jamais Kensuké.

Cette histoire est très touchante et est destinée à un public du même âge que Michael (plus de dix ans). Dans le corps du texte, on retrouve de nombreuses illustrations faites par François Place, qui permettent de donner vie au roman. Le livre est très agréable à lire, on se met réellement dans la peau du héros et l’amitié entre les deux hommes est bouleversante. L’histoire est triste parfois, mais les situations finissent toujours par s’arranger. De même, de nombreuses péripéties viennent faire rebondir l’histoire sans cesse. Ainsi, lorsqu’on lit le livre, on est toujours touché par de vives émotions : de la peine, de la crainte, de l’amusement, de la joie, etc.

Ce livre est à recommander à tous les enfants et jeunes adolescents qui aiment l’aventure et les situations hors du commun.

Le Petit Poucet des temps modernes

L’enfant Océan, Jean-Claude Mourlevat

Pocket Jeunesse

Dans ce roman jeunesse publié pour la première fois en 1999, le lecteur suit une famille de sept frères, partis en pleine nuit pour fuir un danger.

Cette fratrie est constituée de trois paires de jumeaux de 14, 13 et 11 ans, ainsi que de Yann, le petit dernier, âgé de 10 ans. Ce dernier est, contrairement à ses frères, de nature chétive, mesure à peine quatre-vingt-dix centimètres et est muet. Pourtant, c’est lui qui préviendra ses frères que leurs parents veulent les tuer, lui qui organisera leur périple jusqu’à l’Océan et leur donnera les directives pour survivre jusqu’à leur but.

Ce roman se présente sous la forme d’un interrogatoire. Chaque personne ayant croisé la route de ces enfants raconte, de son point de vue, ce qui s’est passé : les six garçons ainsi que leurs parents, l’assistante sociale, la boulangère qui leur donna du pain, une retraitée, etc. Yann n’interviendra qu’une fois, à la fin de l’ouvrage, pour donner des indications supplémentaires sur les causes de leur départ.

L’auteur a réussi à faire passer, grâce au langage soutenu ou encore grossier, la place qu’occupe ces personnes dans la société. Ainsi, la mère Doutreleau s’exprime de façon vulgaire, avec des expressions particulières :

« La fille, je l’attendais. Vu que Doutreleau y’avait foutu le cartable à la baille, au gosse, ça pouvait pas finir autrement. Y pousse Doutreleau, mais faut le comprendre. Quat’fois qu’on l’appelait, le gosse, pour venir manger la soupe. »

Le lecteur passe donc aisément d’un récit à l’autre, en pouvant distinguer facilement qui parle. Au sein même de la famille, grâce à ces différentes façons de s’exprimer, on distingue également le caractère des personnages. On peut citer par exemple les cadets, qui ont une façon plus violente que leurs aînés de s’exprimer, étant de nature plus agressive.

Ce roman rappelle par touches le célèbre conte du Petit Poucet. En effet, le chemin menant à leur maison s’appelle « Chez Perrault », le petit Yann ressemble étrangement à Poucet ou encore leur destination finale se trouve être la maison d’un père de sept jeunes filles. Cependant, les comparaisons s’arrêtent là, l’auteur n’ayant pas écrit une réadaptation du texte, mais bien une critique de la société actuelle. Cet ouvrage peut se lire à partir de 10 ans, mais en grandissant, le lecteur comprend plus facilement la détresse de ces enfants.

Atteindre un but, vivre par ses propres moyens, s’occuper de ses frères… Ce sont des « activités » que ne devraient pas vivre des enfants de cet âge. Pourtant, on remarque la maturité dont ils font preuve, leur intelligence et l’envie de se protéger mutuellement, tout en gardant leur innocence.

Ce roman est une belle histoire de famille, où les enfants montrent leur capacité à se débrouiller seuls, sans l’aide d’adultes incapables de les protéger. Tout en se terminant « bien » pour la fratrie.

LA CHOSE de Béatrice Fontanel et Alexandra Huard – Éditions Sarbacane –

Voilà un album plein d’humour qui ne prend pas les enfants pour des idiots en cherchant à tout prix à être pédagogique. L’histoire nous est racontée par Scipion et Hannibal, chiens d’une bonne famille où la vie tranquille a été chamboulée par l’arrivée de LA CHOSE. LA CHOSE, mais qu’est ce donc ? Au fil de leur discussion, nous découvrons peu à peu les événements des mois passés, « […] pourquoi n’avons-nous pas vu venir la catastrophe ? », des faits étranges que les chiens n’ont pas su interpréter comme il fallait . Tout d’abord leur maîtresse tant aimée a commencé à grossir, à grignoter et à s’attendrir au parc devant les enfants pendant que les chiens, eux, recevaient du sable dans les yeux. Ensuite nos conteurs sont relégués à la cuisine et les murs de leur ancienne chambre sont repeints, en rose, avant d’accueillir une niche de luxe avec des dentelles. Un nouveau chien va peut-être agrandir la famille ? Oui mais voilà la maîtresse un jour, ne rentre pas à la maison, nos héros s’inquiètent de son absence jusqu’au moment où elle réapparaît avec LA CHOSE « ce qu’on en apercevait était rouge et molle… on aurait dit du pâté. Parfois, ça sentait franchement mauvais et souvent, ça criait […] » Hannibal et Scipion se voient alors délaissés par leur chère maîtresse, mêmes leurs promenades sont devenues une torture, attachés à la niche à roulettes, ils n’ont d’autres choix que de courir ! Mais heureusement pour eux les choses vont mieux aujourd’hui, enfin… cela reste à voir.

Le dessin est à la fois réaliste et fantaisiste, tout en détail (parfois rétro) et surtout en couleur ! Quant au texte c’est un petit bijou où ironie et émotion se confondent. Le niveau de langue est presque soutenu ce qui détonne par rapport aux habitudes de l’édition jeunesse et le second degré fait oublier le sujet central, l’arrivée d’un bébé, pour nous émouvoir sur les conditions de vie de nos « Aristochiens » Hannibal et Scipion.
Un livre jubilatoire à partir de cinq ans qui plaira aux enfants (à qui l’on parle comme des grands) aussi bien qu’aux parents.